De l’Époque féodale à nos jours…

En Résumé

L’histoire du village de Meslay-le-Vidame est inséparable de celle de son château et de l’évolution de son vaste domaine. Il semble bien que l’ensemble du village ait appartenu au fil des siècles aux différents propriétaires du domaine, au moins jusqu’à la Révolution. Par la suite, la vie du village, au moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, lui fût encore intimement liée.

De nombreuses sources éparses, semble-t-il non encore totalement répertoriées, indiquent que l’histoire de Meslay date d’environ un bon millénaire. On se reportera à cet égard à l’ouvrage intitulé le « Château de Meslay-le-Vidame » pour se faire une bonne idée de l’évolution du château mais aussi de ce village Beauceron.

Pourquoi le nom de « Vidame » est-il attaché à cette terre de Meslay ?


Au Moyen-Age, le Vidame était le représentant d’une abbaye ou d’un évêché, en l’occurrence celui de Chartres, et avait en charge l’administration des affaires temporelles de l’Evêque. Voilà pourquoi les propriétaires du fief de Meslay, détenteurs de cette fonction, ont permis cet ajout au nom d’origine. La Révolution rebaptisa (provisoirement) le village « Meslay-les-bois »… Nos ancêtres locaux identifiaient certainement leur lieu de vie et de labeur aux nombreux bois environnants et notamment au « parc », ancien bois d’Allou, situé « dans une des parties les plus fertiles de la Beauce » comme l’indique une affiche publiée lors de la mise en vente du domaine de Meslay dans les années 1880 .

Hélas, dans la seconde moitié du XXème siècle, ce fameux « parc » qui faisait la fierté du village a disparu transformant ainsi l’ancien domaine en vastes plaines ….

Quelques personnages célèbres ont vécu ou séjourné à Meslay-le-Vidame. Si nous nous limitons aux registres paroissiaux, nous y trouvons le mariage en 1607 de Charles d’Angennes, baron de « Meslay-le-Vidame », le château disposait alors de sa chapelle ; ou encore Jacques Auguste de Thou, parrain en 1612 ou Louis Auguste de Thou, conseiller du roi et Comte de Meslay , Jean Rouillé , conseiller d’Etat qui a racheté le Comté de Meslay aux créanciers de Jacques de Thou. Citons également la bénédiction des cloches de l’église en 1779 par la famille Masson de Meslay ou encore, mais cette fois dans les registres de l’Etat civil, la famille de Brimont, liée au champagne Ruinart …et propriétaire du château à la fin du XIXème siècle. Enfin, n’oublions pas Joseph Gabriel Rousseau, dit Argy-Rousseau, célèbre verrier d’art, né à Meslay en 1885.

Mais de quelle « église » parle-t-on ?


En effet, au hasard d’une promenade beauceronne, qu’elle n’est pas la surprise du voyageur de découvrir cet étrange édifice à l’architecture inspirée par l’Antiquité …il s’agit bien de l’église Saint-Etienne qui se situe sur l’emplacement d’une précédente église construite au début du 18ème siècle mais qui, à la veille de la Révolution présentait un état de délabrement tel qu’il devenait nécessaire d’envisager l’édification d’un nouveau lieu de culte. Encore une fois c’est du château qu’allait venir un legs, de Madame Masson de Meslay .

Mais nous étions en 1787 et Mme de Meslay décéda à Paris le 24 août 1789 …ce n’est qu’en 1807 que le Conseil municipal de Meslay considéra que « le moyen le plus naturel de fournir à la dépense est d’appliquer la somme du legs pour cet usage, par feue Mme de Meslay ». Avec les 30.000 livres du legs et la vente des matériaux de l’ancienne église ainsi que ceux de celle d’Andeville, la préfecture d’Eure-et-Loir confia à l’architecte Nicolas Jacques Antoine Vestier l’étude de la construction – à l’économie – de ce nouvel édifice si original.

En novembre 1816 la nouvelle église est achevée et sera bénie en 1818. En 1967 elle sera classée parmi les monuments historiques. Quant au château, il a été, de1954 à 2021, la propriété de la caisse d’Allocations Familiales de Chartres, et depuis peu racheté par un particulier.

Source : Le Château de Meslay-le-Vidame, Claude ROUYER, 1991

Époque Féodale

Histoire des premiers seigneurs de Meslay (928-1215) et des vidames de Chartres (12 juillet 1215 – 24 août 1572) 

La seigneurie de Meslay-le-Vidame fut fondé en 928 par le Chevalier Girouard, frère du 48e évêque de Chartres Aganon (921-941), dont il était le Vidame, conseiller et notaire du Roi carolingien Charles III le Simple (898-922).  

Son fils Archambault lui succède comme 2nd seigneur de Meslay de 950 à 970 puis son petit-fils Renaud de 970 à 1030 comme 3e seigneur de Meslay. 

Son arrière-petit-fils, Nivelon Ier devient le 4e seigneur de Meslay et juge-sénéchal du comté de Blois en 1030. Il est l’un des fondateurs de l’abbaye de Nogent-le-Rotrou. Il finit sa vie comme moine à Chartres en 1059. 

Son fils Foucher de Meslay-Freteval devient alors le 5e seigneur de Meslay. Il construit le château fort de Fréteval près de Blois en 1088 dont s’inspirait l’ancien château féodal de Meslay. Il décède en 1095. 

Son fils Nivelon II devient le 6e seigneur de Meslay et de Fréteval. Il part en croisade en Palestine et s’empare de la ville de Jérusalem le 15 juillet 1099. Il décède en 1122 

Son fils Ursion Ier devient le 7e seigneur de Meslay et de Fréteval et entre en guerre contre le vicomte de Châteaudun Geoffroy IV. Il décède en 1143. 

Son fils ainé Nivelon III lui succède en 1143 et 1145 et son fils cadet Hamelin entre 1145 et 1160 comme 8e et 9e seigneur de Meslay. 

Ursion II, fils de Hamelin, devient le 10e seigneur de Meslay et de Fréteval en 1160, c’est un ami du Roi d’Angleterre et duc de Normandie Henri II Plantagenet. Renaud, un de ses fils d’Ursion II assassine l’archevêque de Canterbéry Saint Thomas Becket le 29 décembre 1170 dans sa cathédrale sur ordre du souverain anglo-normand. 

En 1187, au décès de Ursion II, un autre de ses fils Nivelon IV devient le 11e seigneur de Meslay et de Fréteval où se déroule une bataille le 5 juillet 1194 entre le Roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion et le Roi de France Philippe Auguste qui est battu dans la forteresse et perd ses archives royales avec ses sceaux. 

Nivelon IV décède le 27 juillet 1214. Ses fils Ursion III et Geoffroy deviennent les 12e et 13e seigneurs de Meslay et de Fréteval. 

Le titre de Vidame de Chartres détenu par le premier des seigneurs de Meslay était passé à la famille de la Ferté-Vidame au Xe siècle. Cependant le 12 juillet 1215, le seigneur de Meslay Geoffroy épouse Hélisendre de la Ferté-Vidame et devient par son mariage le nouveau Vidame de Chartres dont le nom restera pour désigner son village. Il décède en 1245. 

Son fils ainé Geoffroy II lui succède comme Vidame de Chartres, il était templier et décède en Palestine en 1249 laissant ses titres à son frère Macé/Matthieu.  

Guillaume Ier de Meslay-Fréteval, fils de Geoffroy II, devient Vidame de Chartres à la mort de son père en 1295. C’était un ami du Roi Saint-Louis qui avait participé à la 8e croisade à Tunis en 1270. Il était l’auteur du livre Chansons et Saluts d’Amour. 

Son fils Guillaume II lui succède à sa mort en 1320 puis son petit-fils Guillaume III en 1331. 

Son arrière-petite-fille Jeanne de Meslay-Fréteval transmet le titre de ses ancêtres à son mari Robert de Vendôme en 1395. 

Ses fils Charles de Vendôme en 1401, Guillaume de Vendôme en 1412 et Jean de Vendôme en 1431 deviennent Vidame de Chartres successivement. Ce dernier était l’ami du Roi Louis XI qui lui rendit visite plusieurs semaines au château de Meslay en 1467. Une de ses filles épouse Gilles de Retz, alias Barbe-Bleue, compagnon d’arme de Jeanne d’Arc lors de la prise d’Orléans le 8 mai 1429. Ce dernier est exécuté le 26 octobre 1440 à Nantes pour de multiples crimes de pédophilie. 

Son fils, Jean II de Vendôme devient 25e Vidame de Chartres en 1460.

Son fils Jacques de Vendôme devient 26e Vidame de Chartres en 1496. 

Son fils Louis de Vendôme devient 27e Vidame de Chartres en 1530. 

Son fils François de Vendôme devient 28e Vidame de Chartres en 1548. C’est un ami de la Reine Catherine de Médicis mais un opposant au gouvernement de la Ligue Catholique du Duc de Guise sous le Roi François II donc il est emprisonné à la Bastille. A l’avènement de son frère Charles IX le 5 décembre 1560, il est libéré par la Régente mais décède le 22 décembre 1560. 

Son neveu Jean de Ferrières lui succède en tant que 29e Vidame de Chartres, il était de confession protestante et fut rescapé du massacre de la Saint-Barthélemy à Paris le 24 août 1572. Suite à cet évènement, il est déchu de ses titres de noblesse par Arrêt du Parlement. Il est envoyé en mer dans une galère royale où il meurt en 1586. Le château de Meslay-le-Vidame est saisi par les créanciers et est vendu au couple Louis et Françoise d’Angennes et à leurs fils Charles, Jacques et Jean. 

Le titre de Vidame échoit par héritage à son neveu Prégant de la Fin qui meurt sans descendance en 1624. Le poste est alors vacant et est attribué le 7 avril 1632 de nouveau à la seigneurie de la Ferté acheté à cette date par Claude de Rouvroy nommé duc de Saint-Simon par le Roi Louis XIII en janvier 1635 et dont le fils Louis de Rouvroy de Saint-Simon, mémorialiste du règne de Louis XIV, devient à son tour, du 3 mai 1693 au 2 mars 1755, le dernier Vidame de Chartres. 

Chronique des derniers seigneurs de Meslay-le-Vidame (1651-1868) 

Comme vu précédemment, les seigneurs de Meslay furent longtemps les Vidames des Évêques de Chartres.

La seigneurie couvrait un domaine étendu, qui comprenait des terres, des fermes, des moulins sises à Andeville, Fresnay-le-comte, Le Gault-Saint-Denis, Vitray-en-Beauce, et des forêts dont la plus grande était le bois d’Alou, de 110 hectares.  

Elle devient un comté en 1651 lorsqu’elle appartenait à Jacques-Auguste de Thou (1609-1677). Son successeur, Jean Rouillé, comte de Meslay, décédé en 1698, avait été conseillé d’État et intendant de Provence. Son fils, Jean-Baptiste Rouillé de Meslay, décédé à Meslay-le-Vidame en 1715, devient conseiller au Parlement de Paris  avant d’abandonner les charges publiques pour se livrer à la culture des sciences. Il légua à l’Académie des Sciences  la somme de 125 000 livres, destinée à fonder des prix spéciaux distribués aux savants qui s’occuperaient de résoudre la quadrature du cercle. Il reconstruit le château de Meslay dans son style actuel en 1707. Il épouse Anne-Catherine de Labriffe connue par le portrait qu’en a fait le peintre Hyacinthe Rigaud.. 

Nous allons aborder à présent l’histoire des cinq derniers Seigneurs, Vicomtes et Comtes de Melay. 

1.    Antoine-Lambert Masson (1696-1779) achète en 1724 la charge anoblissante de secrétaire du roi devient  Comte de Meslay-le-Vidame en avril 1737. En 1744, il se marie avec Michelle Pétronille Mérault. Il fut maître des requêtes à la Chambre des Comptes (1732), puis président de la Chambre des comptes de 1736 à 1768, s’étant démis en faveur de son fils. 

2.    Son fils Jérôme-Pélagie Masson de Meslay, né en 1742, épouse en 1771 Laurence Marie Magon de La Balue. Il est nommé conseiller à la Chambre des requêtes le 11 mars 1763, puis devient président de la Chambre des Comptes de 1768 à 1789. Il fit agrandir et fructifier son domaine de Meslay-le-Vidame. Il fut également Conseiller du roi en l’Hôtel de ville de Paris à partir du 19 avril 1774 jusqu’en 1789. Jérôme Pélagie Masson de Meslay décède le 6 février 1798. Il possédait une très riche bibliothèque de musique, dont il ne reste plus que le catalogue rédigé en 1788. 

3.    Son beau-frère, Charles de Barentin est né à Paris le 1er Juillet 1738, fils de l’intendant Charles Honoré Amable de Barentin et de Marie Catherine Lefèvre d’Ormesson, il devient conseiller, puis avocat général au Parlement de Paris (1757-1775), puis président de la Cour des aides (1775-1788). Il posséda pendant quelques années le château de Meslay-le-Vidame, ayant épousé en 1763 Anne-Albertine-Antoinette Masson de Meslay (1744-1796). Il fut Garde des Sceaux – Ministre de la Justice sous Louis XVI du 17 septembre 1788 au 3 août 1789. Il décède à Paris le 30 mai 1819.

4.    Son Gendre Charles-Henri Dambray, époux de Charlotte de Barentin (1765-1802) est né le 9 octobre 1760. En 1779, il devient avocat général à la cour des aides puis 1788, avocat général au Parlement de Paris. Le 18 mai 1814 lors de la Restauration de la Monarchie, Louis XVIII le nomme président de la commission chargée d’élaborer la Charte Constitutionnelle de 1814. Le souverain le fait, par ordonnance du 4 juin 1814, Garde Sceaux ministre de la Justice jusqu’au 19 janvier 1817 et le nomme également Chancelier de France et Président de la Chambre des Pairs (Sénat) jusqu’à sa mort le 13 décembre 1829. En 1820, il devient officier de la Légion d’honneur et membre du Conseil Privé du Roi. Il fait construire entre 1810 et 1816, l’église Saint-Etienne de Meslay-le-Vidame. 

5.    Son fils, Charles Emmanuel Henri Dambray est né le 21 janvier 1785. Il épouse Caroline Deshayes de Cry. Il devient conseiller d’État. En 1817, le Roi le nomme Pair de France (sénateur). En 1822, succède à son père comme grand-maître des cérémonies du roi. Il est fait officier de la Légion d’Honneur le 3 novembre 1827. En 1830, il cherche à maintenir la branche aînée des Bourbons sur le trône mais il est impuissant à empêcher l’avènement des Orléans. Il refuse alors de prêter serment à Louis-Philippe. Le 7 août 1830, avant de quitter définitivement la Chambre des Pairs (Sénat), il déclare à la tribune : « mon vieux serment m’empêche d’en faire un autre ». Le 13 mai 1849, il est élu député légitimiste à l’Assemblée Législative. Il se retire de la vie politique après le coup d’état du 2 décembre 1851 et décède le 26 février 1868 sans enfant. 

Source : Wikipedia